Filmer une vidéo RAW : pour quoi faire ? Avantages & inconvénients

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De nos jours, les appareils photo hybrides sont de plus en plus performants en vidéo. Non seulement, on peut filmer en 4K mais aussi en 6K et même en 8K pour les appareils photo les plus avancés… mais il ne s’agit pas que de taille d’images, désormais. Car les spécificités techniques sont nombreuses et complexes en vidéo. Plus précisément, il existe des formats d’enregistrements dont les plus connus sont le MP4 et le MOV. Cependant, d’autres formats d’enregistrements vidéo sont disponibles. Ainsi, on peut filmer en vidéo RAW avec de plus en plus d’appareils photo hybride grand public. Par exemple, je possède un Lumix GH6 qui peut filmer en RAW, tout comme le Lumix S5 IIX. Dans cet article, je vous explique qu’est-ce qu’une vidéo RAW et quels sont les avantages et inconvénients !

Qu’est-ce qu’une vidéo au format RAW ?

Pour commencer, qu’est-ce que cela signifie de filmer en RAW ?

Enregistrer une vidéo RAW, cela signifie qu’on enregistre une vidéo dans un format de fichier brut. Ce format de fichier brut conserve toutes les données d’images qui ont été capturées par le capteur de l’appareil photo au moment d’un tournage. L’appareil photo n’effectue aucune compression, ni aucun traitement. En pratique, sur votre fichier vidéo au format RAW, l’appareil photo n’appliquera aucun profil de colorimétrie ni aucune réduction de bruit, etc.

Le format vidéo RAW : un fichier brut contenant toutes les données

On dispose alors d’un fichier vidéo brut, sans aucune application de style de couleurs. Il sera bruité également. C’est tout à fait normal ! Le principe du RAW : c’est d’enregistrer toutes les données d’image captées et ensuite, c’est à vous de faire le traitement des couleurs, du bruit, de la température,…a posteriori ! Et tous ces traitements se font dans votre logiciel de montage vidéo.

En fin de compte, filmer en RAW est le même principe que photographier en RAW. Quand je photographie en RAW, l’appareil photo ne fait aucun traitement sur l’image. C’est moi, dans mon logiciel de post-traitement photo qui vais définir la colorimétrie de ma photo, réduire le bruit, gérer les zones d’ombres, les hautes lumières, etc. Le RAW permet de contrôler de A à Z le rendu final de nos images.

Vidéo RAW vs les autres formats vidéos

Le RAW vidéo c’est donc comme une photo RAW. Si on effectue des parallèles, le MOV, le MP4 et l’Apple ProRes sont comme les JPEG en photo. Sur ces trois types de fichiers vidéos, l’appareil photo effectue un traitement de l’image. Il y a également moins de données enregistrées que sur une vidéo RAW. Cependant, ces trois formats vidéo n’enregistrent pas la même quantité de données.

Le format vidéo MP4, c’est le format vidéo le plus compressé avec le moins de données conservées. On retrouve le format MP4 sur quasiment tous les appareils photo. Personnellement, je filme en MOV qui constitue un bon entre deux. En effet, il enregistre une quantité de données plus importante, surtout quand on peut filmer en 10 bit. Et le poids des fichiers reste modérée, de telle sorte que je peux enregistrer sur carte SD avec une durée d’enregistrement suffisante. Enfin, on a l’Apple ProRes. Dans ce format vidéo, on enregistre une quantité de données plus importante avec une compression plus faible. Néanmoins, tous ces formats vidéo offrent beaucoup moins de latitude en post-production que le RAW.

MP4, MOV et Apple ProRes : des fichiers vidéo compressés

Comme je l’évoquais, ces formats MP4, MOV et Apple ProRes ont la même philosophie que le JPEG en photo…sauf que MOV et Apple ProRes offrent déjà pas mal de possibilités en post-production. Alors, ne foncez pas tête baissée sur la vidéo RAW sans avoir lu l’article en entier ! Par ailleurs, ne cherchez pas immédiatement la ligne vidéo RAW dans votre appareil photo. En effet, même si ce format se démocratise, il est encore réservé aux appareils photo les plus haut de gamme. Ainsi, mon Lumix GH6 vaut 2200€ nu. Quant au Lumix S5IIX, il vous en contera 2500€ nu. Néanmoins, le ticket d’entrée baisse peu à peu ! Par exemple, le Fujifilm X-S20, qui vaut 1400€ nu, permet de filmer en RAW.

Mais attention, cela ne veut pas dire que ces appareils photo filment en RAW comme ça. Je suis certaine que vous avez entendu parler de RAW HDMI et de RAW en interne ?

RAW HDMI, qu’est-ce que cela signifie ?

Quand on dit qu’un appareil photo est capable de filmer en RAW HDMI, cela signifie que c’est par le biais d’un moniteur externe-enregistreur que l’on pourra filmer au format RAW. Dans ce cas, vous ne pouvez pas enregistrer un fichier vidéo RAW sur votre carte SD ou XQD. Il faut obligatoirement un moniteur externe-enregistreur compatible. Pour filmer en RAW, vous devez donc acheter du matériel supplémentaire. Plus précisément : un moniteur externe-enregistreur, un câble HDMI, un disque SSD compatible, etc.

Un moniteur externe enregistreur obligatoire

Filmer en RAW HDMI nécessite donc un appareil photo qui le permet et de lui brancher via le port HDMI un moniteur externe enregistreur compatible. C’est pour cela que l’on parle de RAW HDMI.

Du côté des moniteurs externes enregistreurs compatibles, il existe deux constructeurs. Tout d’abord, il y a Atomos, avec plus précisément son Atomos Ninja V+ et parfois, selon les appareils photo, le Atomos Ninja V qui permettent de filmer en RAW HDMI. Dans ce cas là, on filmera en Apple ProRes RAW. Il s’agit d’un codec vidéo qui a été développée dans le cadre d’une collaboration entre Apple et Atomos.

L’autre moniteur externe enregistreur compatible, c’est le BlackMagic Video Assist 12G HDR. Avec ce moniteur, on enregistre au format BlackMagic RAW, un codec vidéo RAW développé par BlackMagic.

Filmer en RAW en interne : une fonction encore rare sur les appareils photo hybrides

À ce jour, il existe aussi quelques appareils photo capables de filmer en RAW en interne. Avec ces appareils photo, vous n’avez pas besoin de moniteur externe enregistreur. On enregistre directement sur carte SD, ou plutôt carte XQD. Ce sont des appareils qui coûtent bien plus cher mais en contre-partie, on s’économise l’achat du moniteur externe. C’est aussi moins lourd. Ainsi, le Nikon Z8 permet d’enregistrer une vidéo RAW en interne.

Ceci étant dit, pourquoi filmer une vidéo en RAW ?

Pourquoi filmer en RAW ?

Quand on filme, la quantité de couleurs enregistrées est très importante. En effet, une grande partie du travail de post-production consiste à travailler la colorimétrie de notre vidéo, ainsi que son exposition, sa température, etc. L’objectif est de donner une cohérence à l’ensemble des plans. C’est ce qu’on appelle l’étalonnage des couleurs.

Or, pour procéder à cette étape fondamentale du montage vidéo, il faut un fichier avec suffisamment d’informations. Si on a un fichier avec peu d’informations, on ne pourra pas étalonner comme on le souhaite les plans, car l’information numérique, la donnée, n’aura pas été enregistrée. C’est alors que la vidéo RAW intervient, c’est le format de fichier vidéo qui offre le plus de latitude. Prenons un exemple chiffré !

Vidéo RAW vs MP4 vs MOV vs Apple ProRes

Si je filme en MP4, je filme en 8 bit maximum. Quand on filme en 8 bit, l’appareil photo enregistre un flux vidéo de 16 Millions de couleurs. En MOV, sur les appareils photo les plus avancés, on peut filmer en 10 bit. Dans ce cas là, l’appareil photo enregistre 1 milliard de couleurs…voilà une sacré différence. En ce qui me concerne, je filme en 10 bit, surtout en extérieur. De cette manière, j’ai une plus grande latitude pour rattraper un plan mal exposé ou sur lequel j’ai une variation de lumière. Je peux aussi, plus simplement, apporter ma touche à la colorimétrie.

Quand on filme en RAW, selon les appareils photo, on sera entre 12 bit et 16 bit. Pour vous donner un ordre d’idée, en 12 bit, on enregistre plus de 68 milliards de couleurs ! La différence est énorme ! Pour autant, si ces chiffres vous donnent le tournis, peut-être vous dites vous que vous n’avez que faire d’avoir plus de latitude ? Qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Pourquoi s’embêter à filmer en RAW ? Quels sont les avantages de la vidéo RAW ?

Quels sont les avantages de filmer une vidéo RAW ?

Le premier avantage du RAW est qu’on retrouve dans notre vidéo toutes les informations captées par l’appareil photo. Aucune information n’est effacée et il n’y a aucun traitement par l’appareil. De ce fait, vous êtes le seul maître du rendu final de votre image. Vous ne laissez aucun pouvoir de décision à la machine, c’est à dire l’appareil photo. En pratique, cela se traduit par des actions précises que l’on peut effectuer dans son logiciel de montage vidéo.

Modifiez les ISO en post-production

Ainsi, avec une vidéo RAW, on peut modifier les ISO en post-production alors que normalement, les ISO sont définis au moment du tournage. Modifier les ISO, c’est pratique quand on a mal exposé un plan, quand les ISO sont légèrement trop élevés ou trop bas. Personnellement, il m’est déjà arrivé de rectifier les ISO pour mieux coller à l’ISO natif du boitier et ainsi avoir une meilleure qualité d’image… Pour faire simple !

Par ailleurs, avec une vidéo au format RAW, on peut et même on doit traiter la réduction de bruit. Grâce au traitement du bruit, on limitera le grain dû aux ISO trop élevés. J’ai même écrit « on doit » car dans votre logiciel de montage, dès que vous filmez en RAW, vous aurez du bruit. Il faut donc impérativement effectuer un traitement en post-production.

La vidéo au format RAW permet aussi de corriger l’exposition en post-production. On peut travailler les zones d’ombres et les hautes lumières, en post production avec plus de latitude. Il est également possible de modifier la balance des blancs, toujours en post production. J’ai déjà eu des plans qui tiraient vers le jaune à cause d’un filtre ND variable. Dans ce cas, corriger la balance des blancs m’a permis de corriger la température de couleurs de mes plans.

Contrôlez le rendu de couleurs final

Surtout, la vidéo RAW permet de sélectionner précisément la colorimétrie de ses plans, c’est à dire le rendu de couleurs des vidéos. De cette manière, on peut apposer sa patte créative sur ses images à travers l’étalonnage.

Enfin, dernier avantage de filmer en RAW, on a une plus grande plage dynamique. La plage dynamique, c’est la capacité de l’appareil photo à gérer une grande différence de lumière sur une même scène. C’est sa capacité à gérer entre zone d’ombre et zone de fortes lumières. Ce sont les plans les plus difficiles. Si vous filmez en sous bois avec un ciel très bleu… C’est le genre de scène qu’il est difficile de gérer. Avec une plus grande plage dynamique, on y arrive mieux.

Pour être parfaitement précise, sachez tout de même que selon les constructeurs et selon les appareils photo, on n’a pas exactement la même latitude en termes de traitements possibles en post-production.

La vidéo RAW pour filmer dans des conditions de lumière difficiles

Alors, ça paraît anecdotique tout ça ! Et vous vous dites peut-être : « elle n’a qu’à bien exposer ses plans, si elle est si forte que ça ! ». Sauf que ce n’est pas aussi simple ! Il faut bien imaginer que filmer sur le terrain n’est pas une mince affaire. On ne contrôle pas la lumière et ça complique tout ! Sans compter qu’on ne voit pas toujours bien, quand le soleil est très haut, par exemple. Si vous randonnez, qu’il fait chaud, avec tout ce qu’il faut penser pour tourner un plan, s’ajoute la fatigue physique, la soif, etc. Le froid, la chaleur, la nuit… sont autant d’éléments qui viennent perturber un tournage. On court toujours après le temps aussi.

Moins on a de choses à penser avant de déclencher, plus on sera concentré sur ce qu’on veut montrer. Car n’oubliez jamais que le plus important, c’est la manière dont vous avez filmé la scène ! Votre intelligence doit être focalisé sur le sujet que vous racontez. Mais, même le meilleur plan s’il est mal exposé, il est bon à la poubelle et vous aurez fait tous ces efforts pour rien ! C’est pour ça que je dis toujours dans les cours photo/vidéo qu’il y a la technique, d’un côté, et la créativité de l’autre, qui doivent être utilisées de concert. 

Quels sont les inconvénients de filmer une vidéo RAW ?

Mais ne voyons pas tout en rose ! La vidéo RAW comporte aussi des inconvénients et pas des moindres.

La vidéo RAW HDMI : un coût supplémentaire non négligeable

Tout d’abord, filmer en RAW via HDMI implique un coût supplémentaire. Entre le moniteur enregistreur, les câbles, les batteries et le disque dur SSD, le prix final grimpe très vite. En plus, on perd en compacité ! Un moniteur externe et tout le matériel qui va avec, cela alourdit l’appareil photo ! Je parle en connaissance de cause car je randonne souvent en montagne avec un Ninja V d’Atomos. À force de randonnées, j’ai pris l’habitude. Néanmoins, au début, cet ajout me bloquait beaucoup dans mes mouvements. Je me sentais moins libre pour composer, cadrer, me déplacer…Maintenant, cela va beaucoup mieux. J’apprécie même d’avoir un écran plus grand et plus lumineux. Il n’empêche que filmer en RAW via HDMI implique un poids et un coût supplémentaire. Et si votre boitier gère le RAW en interne, il faudra une carte XQD avec beaucoup de stockage, ce qui coûte très cher.

Le V-Log : seul profil de couleur disponible

En ce qui me concerne, je trouve que l’inconvénient majeur de la vidéo RAW, c’est de filmer en V-Log. Le V-Log est un profil de couleur sans aucune colorimétrie, pour faire simple. Ce profil implique de bien exposer sa scène, ce qui n’est pas si facile que ça ! Alors, avec l’expérience, ce n’est pas ce qui me gêne. Avec le waveform, qui est l’équivalent de l’histogramme en photo, on a un outil qui permet d’exposer correctement.

En réalité, ma déception est en post-production ! Évidemment, tous mes plans étaient en V-Log…mais je pensais retrouver les profils de couleurs Panasonic que j’utilise en MOV, MP4 ou Apple ProRes.

En photo, quand j’ouvre un fichier RAW, j’applique un des profils de couleurs Panasonic. Car moi, j’adore la colorimétrie Panasonic. Je n’applique aucun fichier LUT, aucun Preset Lightroom. Je photographie en RAW et en post-traitement, je choisis dans mon logiciel, un des nombreux profils de couleurs Panasonic. Comme j’alterne entre le différents profils, c’est un gain de temps pour moi de les choisir après prises de vue dans mon logiciel de traitement photo.

Naïvement, je pensais qu’en filmant en RAW, il en serait de même. J’espérais avoir accès aux profils de couleurs Panasonic et les choisir dans mon logiciel de montage. Ça m’aurait fait gagner du temps sur le terrain car je change tout le temps de profil de couleurs. Et en post-production, je ne souhaite pas effectuer d’étalonnage alors que j’ai déjà un rendu que j’aime avec l’image qui sort du boitier.

L’étape étalonnage : obligatoire !

Malheureusement, en vidéo RAW, ce n’est pas aussi simple qu’en photo ! Il faut vraiment faire son étalonnage des couleurs soi-même de A à Z. L’étalonnage des couleurs, ce n’est pas quelque chose qui s’improvise. C’est un métier à lui tout seul qui nécessite beaucoup de pratique. Alors, je vous rassure, on peut appliquer des fichiers LUTs, c’est à dire ajouter un fichier avec un rendu de couleur tout prêt que l’on va appliquer à ses plans. Mais comme je l’évoquais, je n’applique pas de LUT car je préfère les rendus de couleurs Panasonic. Aussi, pour moi, le MOV et l’Apple ProRes me conviennent mieux que le formats de fichiers vidéo RAW.

En conclusion

Comme pour toutes fonctionnalités proposées par un appareil photo, c’est votre pratique qui va définir vos besoins et donc vous orientez vers telles ou telles fonctionnalités. Bien sûr, au début, on ne sait pas trop de quoi on aura besoin, ni comment on va évoluer. C’est pour cela que je trouve intéressant d’avoir un appareil photo capable de filmer en RAW. En effet, ça signifie qu’il va accompagner votre évolution. Vous ne serez pas obligé d’en acheter un nouveau dès que vous progressez. Par contre, je pense que la vidéo RAW implique un coût supplémentaire non négligeable et ne s’improvise pas techniquement, à moins d’appliquer un fichier LUT. Personnellement, je préfère mes profils de couleurs Panasonic intégrés au boitier.

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